Aqua4C : La ferme piscicole la plus durable au monde
02/05/2022
« Nous considérons Air Liquide comme un véritable partenaire qui réfléchit avec nous aux questions de rentabilité et de durabilité »
La commune belge de Kruisem abrite une ferme piscicole unique. Le discret bâtiment d’Aqua4C – dont la localisation à proximité directe d’un producteur de tomates ne relève pas du hasard - accueille une série de réservoirs d’une capacité totale d’environ 1 million de litres d’eau douce. De même qu’environ 40 tonnes d’Omegabaars…
Le fondateur et docteur en biologie Stijn Van Hoestenberghe apprend successivement son métier dans un élevage de bars en Espagne et dans un élevage de gambas aux Seychelles. De retour en Belgique, la KU Leuven lui propose de consacrer son doctorat à la recherche d’une espèce de poisson qui serait adaptée à l’élevage durable.
Le poisson de demain est… végétarien
De cette recherche, on découvre l’espèce Omegabaars ou scortum barcoo. Stijn développe en outre un régime alimentaire entièrement végétal. Le poisson d’élevage végétarien est né…
L’histoire de l’Omegabaars et d’Aqua4C a pu évoluer d’un projet de recherche à la création d’une ferme piscicole commerciale. Stijn Van Hoestenberghe quitte Aqua4C pour se concentrer sur d’autres projets mais le programme de recherche se poursuit.
And the winner is…
« L’Omegabaars est l’espèce de poisson parfait pour l’élevage durable », explique le responsable opérationnel Charles Fransman. « C’est une espèce de poisson omnivore, ce qui signifie que vous pouvez lui donner une alimentation végétale – ce qui est donc plus durable. De plus, l’Omegabaars est un poisson d’eau chaude, ce qui est bénéfique pour la rentabilité économique (les poissons d’eau chaude grandissent plus vite que les poissons d’eau froide, n.d.l.r.) ».
« À cet égard, il est également important que l’Omegabaars soit un poisson social qui apprécie de vivre en bancs. Car cela signifie que l’on peut élever un nombre relativement élevé de poissons dans un bassin, sans que les poissons ne soient sujets au stress. Et notre poisson végétarien devait aussi être un poisson d’eau douce, parce que cela nous permettait alors lui fournir de l’eau fraîche de manière durable. »
Délicieux et polyvalent
Hormis toutes ces exigences en termes de durabilité et de rentabilité économique, il est évident que le poisson doit aussi être attractif pour le consommateur. « Nous avons organisé différents tests gustatifs à l’aveugle – et nous avons demandé à des célèbres chefs, tels que Jeroen Meus, de confectionner diverses préparations – et il est apparu à chaque fois que la saveur du poisson était particulièrement appréciée. En termes de goût, l’Omegabaars se situe entre la truite et le bar mais si vous la cuisinez au beurre, elle s’approche beaucoup de la sole. C’est un poisson à la chair très ferme et il peut donc aussi être fumé ou grillé au barbecue sans s’émietter. »
Le prix (environ 20 €/kilo pour un poisson entier ou 30 €/kilo en filets) est légèrement plus élevé que celui du bar et de la dorade rose mais est meilleur marché que la sole. « Une étude réalisée auprès des consommateurs révèle que le client ne voit pas d’inconvénient à payer un supplément de prix pour un poisson élevé de manière saine et durable. À l’heure actuelle, le poisson est uniquement disponible en Belgique chez les poissonniers et auprès de la chaîne de supermarchés Carrefour mais notre objectif à court terme est de faire fortement évoluer la production, afin que le poisson soit plus largement disponible, dans d’autre pays également. »
Durabilité complémentaire
Ne serait-ce que par ses préférences végétariennes, l’Omegabaars est un poisson d’élevage durable mais cela ne s’arrête pas là. Aqua4C a en effet développé un modèle révolutionnaire pour la « durabilité complémentaire ». Ainsi, la ferme piscicole ne consomme pas d’eau et est en outre quasiment neutre sur le plan énergétique.
Pour que cela soit possible, Aqua4C a noué un partenariat avec l’entreprise de culture de tomates voisine. Les serres collectent de grosses quantités d’eau de pluie, dont une petite partie est utilisée pour remplir les bassins d’Aqua4C. Après utilisation, l’eau est minutieusement filtrée, puis restituée au producteur de tomates. La fraction résiduelle filtrée est utilisée comme engrais ou peut être consacrée à la production de biogaz.
Pendant les cinq mois les plus froids de l’année, la chaleur résiduelle issue de la cogénération du producteur de tomates est utilisée pour chauffer les bassins à poissons. Cette même source produit aussi largement assez d’énergie résiduelle pour couvrir les besoins en électricité d’Aqua4C. Le résultat ? Un poisson d’une durabilité exceptionnelle.
Production 2.0
« Fin 2019, après une analyse approfondie, nous avons décidé de moderniser certains de nos systèmes », poursuit Charles. « Un des plus importants était notre système d’approvisionnement en oxygène. Étant donné que nos poissons ont besoin d’oxygène pour survivre, il est évident que la fiabilité du système d’oxygène était cruciale. »
« Jusque-là, nous utilisions un compresseur d’oxygène. Le problème est que la fiabilité d’un tel compresseur n’est pas optimale. Chaque fois que le compresseur s’arrêtait, nous devions faire appel à un système de secours – des cadres de bouteilles de gaz remplies d’oxygène – et espérer que le compresseur puisse être réparé avant que l’oxygène du système de secours ne soit épuisé. Un situation particulièrement stressante. Le système nécessitait par conséquent un entretien relativement important et était peu flexible : si, pour l’une ou l’autre raison, nous voulions provisoirement un débit d’oxygène plus élevé, le compresseur d’oxygène n’était pas en mesure de le fournir. »
Oxygène liquide
Après nous être concertés avec plusieurs éminents spécialistes dans le domaine de l’aquaculture – parmi lesquels le professeur américain Thomas Losordo – la décision a été prise de passer à un système basé sur l’oxygène liquide. « Les hôpitaux ne se fient pas à un compresseur d’oxygène, donc pourquoi le ferions-nous ? », déclare Charles.
« À cette période, nous collaborions déjà avec Air Liquide. Nous étions à la recherche d’un nouveau fournisseur pour les bouteilles d’oxygène de notre système de secours et Air Liquide nous a proposé un coût total de possession très concurrentiel. De plus, Air Liquide s’est immédiatement montrée prête à nous assister dans le cadre de l’optimisation des coûts et de l’amélioration de notre rentabilité. Ces connaissances et cet engagement ont joué un rôle décisif dans notre décision de franchir le pas. »
Fiabilité plus élevée et flexibilité accrue
« Nous avons ensuite commencé à parler de l’oxygène liquide et nous avons remplacé le compresseur d’oxygène par une solution d’Air Liquide à base d’oxygène liquide pur et d’injecteurs d’oxygène. Ce système est bien plus fiable – notamment parce qu’il ne compte pratiquement pas de pièces mobiles – et il offre beaucoup plus de flexibilité en termes de production d’oxygène. Si nécessaire, nous pouvons aussi augmenter la pression (jusqu’à 8 bars), pour que l’ensemble fonctionne plus efficacement. »
« Et naturellement, nous souhaitons obtenir notre oxygène de façon aussi durable que possible. Sur ce plan également, le système à base d’oxygène liquide est bien meilleur. De plus, Air Liquide peut aussi proposer de l’oxygène vert (production et transport neutres en CO2, n.d.l.r.). »
« Si nous examinons le coût total, il apparaît que la solution d’Air Liquide n’est pas plus coûteuse que la configuration traditionnelle avec un compresseur d’oxygène, tandis que nous tirons pleinement profit de ses avantages, cela va sans dire. Bref, nous disposons à présent d’une source fiable pour notre oxygène et nous pouvons dormir sur nos deux oreilles. Ce qui n’était pas le cas avant. »
Partenariat
« Entre-temps, nous considérons Air Liquide comme un véritable partenaire qui réfléchit avec nous aux questions de rentabilité et de durabilité. Il est agréable de pouvoir collaborer avec un partenaire qui sait comment fonctionne une ferme piscicole et qui peut nous conseiller à ce sujet. »
« Nous allons bientôt nous rasseoir autour de la table avec Air Liquide afin de passer en revue les projets relatifs à notre deuxième ferme piscicole. Nous avons l’intention, d’ici 2024, d’augmenter fortement notre production depuis un nouveau site. Et à partir de ce moment-là, nous voulons aussi assurer nous-mêmes la transformation du poisson – le découpage en filets et l’emballage notamment. Cela nous aidera à surveiller au mieux la qualité jusque dans le point de vente. Mais une chose est sûre, nous opterons à nouveau pour la solution à base d’oxygène liquide d’Air Liquide. »
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